On utilise souvent les termes « conflit » et « litige » de manière interchangeable alors qu’ils comportent des significations différentes qui induisent nécessairement des modes de résolution bien spécifiques.
Voici les différences essentielles entre les deux :
1. Ce qui relève du litige :
- Un litige est généralement un conflit juridique qui est soumis à un processus formel de règlement des différends. Les litiges impliquent très généralement des questions légales ou contractuelles spécifiques.
- Les litiges peuvent être résolus par le biais de procédures légales, telles que des actions en justice, des négociations ou des arbitrages.
- Les litiges peuvent se produire dans des domaines extrêmement différents relevant du droit civil, du droit commercial, du droit du travail ou encore du droit de la famille.
2. Ce qui relève du conflit :
- Un conflit est un désaccord, une opposition d’intérêts ou d’opinions entre deux parties ou plus. Il peut se manifester dans divers contextes, dans le cadre de relations personnelles ou professionnelles.
- Les conflits ne se limitent pas nécessairement à des questions juridiques ou contractuelles et c’est bien là que réside toute leur complexité : ils peuvent découler de différences de valeurs, de croyances, d’objectifs ou de besoins.
- Les conflits peuvent être ouverts ou latents, et ils peuvent varier en intensité, allant de simples désaccords à de véritables situations de crise qui nécessitent une action rapide.
Un exemple concret dans le cadre professionnel
Prenons un exemple concret. Si je suis en litige avec mon employeur car ce dernier ne veut pas m’accorder de prime pour récompenser mes résultats sur le plan professionnel, la possible résolution du litige se fixera sur l’obtention de ladite prime. Autrement dit, le litige peut comporter dans sa formulation le principe même de sa solution. L’objet est donc assez lisible.
Par contre, si derrière l’obtention de ladite prime, je formule le désir d’une reconnaissance symbolique non entendue par ma hiérarchie, une transaction financière en ma faveur ne suffira pas à régler le conflit et apaiser mon sentiment d’injustice.
En résumé, un conflit est un désaccord ou un différend entre parties, qu’il soit d’ordre juridique ou non, tandis qu’un litige est un conflit juridique qui peut nécessiter une résolution formelle par le biais de procédures légales. Tous les litiges sont des conflits, mais tous les conflits ne sont pas nécessairement des litiges.
Le conflit, un révélateur de ses propres blessures
Mais aborder le conflit dans un cadre qui ne serait pas sécurisant (respect de la confidentialité et de la neutralité, entre autres) peut sembler risqué. En effet, le conflit auquel on prend part dit toujours quelque chose de nous d’intime, de nos besoins, de nos frustrations, de nos insécurités ou encore de nos blessures archaïques prédominantes (humiliation, injustice, sentiment d’impuissance, rejet, trahison ou encore peur de l’abandon). Parler du conflit que l’on expérimente, c’est potentiellement prendre le risque de s’exposer en se dévoilant.
Comme l’organisation ne semble a priori pas l’endroit le plus propice pour que s’y expriment en toute sécurité des besoins individuels, la médiation est là pour fixer un cadre permettant à ceux qui vivent le conflit de le verbaliser. De ces échanges découleront très probablement des pistes et des solutions qui n’auraient pas pu être identifiées si la médiation n’avait pas été envisagée comme un mode de résolution alternatif possible.